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Climat : des investisseurs font pression sur les entreprises du ciment

La pression s'accentue sur les cimentiers, à l'origine de 7 % des émissions de CO2 de la planète. Un groupe de dix investisseurs, membres du Climate Action 100 +, les appelle à viser la neutralité carbone et à intégrer la problématique environnementale au coeur de leur stratégie.


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Si l'ensemble des entreprises du ciment constituaient un pays, celui-ci serait le troisième émetteur de gaz à effet de serre au monde, derrière la Chine et les Etats-Unis. C'est le constat que dresse un groupe de dix investisseurs, dont font partie BNP Paribas Asset Management et Degroof Petercam Asset Management, qui viennent de lancer un appel aux cimentiers CRH, LafargeHolcim, HeidelbergCement et Saint-Gobain. Objectif ? Faire pression sur ces entreprises pour qu'elles atteignent la neutralité carbone - soit 0 % d'émissions de gaz carbonique - en 2050.

Le secteur est en effet à l'origine de 7 % des émissions mondiales. En cause, la méthode de fabrication du ciment, qui nécessite une cuisson longue durée, à haute température (1.400 degrés), d'un mélange d'argile et de calcaire. La pollution engendrée est considérable : la production d'une tonne de ciment dégage une tonne de CO2.

Changer les pratiques

Ce coup de projecteur émane de membres de l'Institutional Investors Group on Climate Change (IIGCC) et du comité Climate Action 100 +. Lancé lors du One Planet Summit en décembre 2017, ce dernier rassemble plus de 320 investisseurs à la tête de 33.000 milliards de dollars d'actifs. Ces derniers ont opté pour une démarche active : ils forment des petits groupes de pression focalisés sur un secteur d'activité, portant la voix de tous les membres. Avec pour mission de soutenir des initiatives pro-climat aux assemblées générales des entreprises dans lesquelles ils investissent.
Les investisseurs appellent donc les géants du BTP à mettre la problématique environnementale au coeur leur stratégie. Notamment en agissant de concert avec les pouvoirs publics, pour atteindre l'objectif de limitation à 2°C du réchauffement climatique. Mais aussi en revoyant leur modèle de gouvernance - ils proposent de nommer un « responsable climat » au sein des conseils d'administration -, et en étant plus transparents sur leur réel impact environnemental. « L'industrie du BTP a besoin d'un changement en profondeur de ses pratiques quotidiennes pour s'aligner sur l'objectif de l'accord de Paris » explique Jocelyn Brown chez RPMI Railpen, qui a signé l'appel.

Risque de désinvestissement

En creux, le message de Climate Action 100 + est clair. Les entreprises qui ne réaliseraient pas les efforts nécessaires, seront confrontées à un accès de plus en plus difficile au capital, voire à des désinvestissements, alors que les gérants essaient de « dé-carboniser » leurs portefeuilles. Et cela ne s'arrête pas là. Le prix du carbone, multiplié par quatre depuis le début de l'année 2018, pèse de plus en plus lourd sur les finances des cimentiers.
La transition vers un modèle plus « vert » paraît donc indispensable, dans un moment où les pouvoirs publics européens s'apprêtent à durcir les régulations en vigueur dans le secteur du BTP. Comme le souligne Claire Berthier, à la tête des investissements socialement responsables chez Trusteam Finance, l'un des fonds signataires : « Le secteur jouera un rôle majeur dans l'atteinte de la neutralité carbone en 2050. Non seulement en diminuant les émissions de CO2 mais aussi en proposant des produits qui accéléreront la transition vers une économie plus respectueuse de l'environnement. »

Source Les Echos, publié le 22/07/19, auteur Laurène Sin-Ilie